L’interview-bilan

JJR©JJR133Pascal Bahuaud, directeur de course
« Je ne veux pas faire de Raid in France une course stéréotypée »

Quel est le bilan de cette édition 2015 ?
Ce fut une édition fidèle à l’esprit Raid in France : exigeante en navigation, technique en orientation, immergée dans un territoire de l’Ain au potentiel « aventure » extrêmement fort. Une édition qui a essayé de tirer partie du meilleur de la nature offerte, que cela soit en trek, VTT, kayak, paddle ou barque, ainsi que dans toutes les disciplines de cordes, canyoning, spéléo…
Ce fut aussi une édition au plateau très relevé, avec trois équipes dans le top 10 mondial et plus de 40 teams sur la ligne de départ venus de 12 nations différentes. Nous en sommes fiers et remercions les équipes pour la confiance qu’elles nous accordent.
Certes, il nous a manqué le soleil mais c’est cela, aussi, la force de ce back to nature que nous recherchons. Les fortes pluies ont malmené notre organisation et nous ont obligé à inventer tout un tas de solutions pour que les coureurs restent le plus longtemps possible en course. Je remercie l’équipe technique de Raid in France, c’est à dire nos 10 guides de haute montagne et BE, nos hommes de l’eau vive et ceux que nous appelons les HATF (Hommes à tout faire) pour l’acharnement qu’ils ont mis à maintenir les sections de cordes en adaptant les installations aux conditions dantesques (ils ont fabriqué un pont dans la nuit pour le franchissement des équipes, modifier le parcours, rebalisé à plusieurs reprises), à conserver la barque sur le Rhône malgré des variations du niveau d’eau de plus de 4 mètres et à maintenir au maximum la navigation sur l’Ain malgré les alertes aux crues.
On le répète souvent mais sans les 120 bénévoles présents durant la semaine de course et sans la petite équipe qui m’accompagne dans l’année pour gérer les coureurs, les volontaires, les reconnaissances, les dossiers administratifs et toute la communication, rien ne serait possible. Raid in France est un puzzle dont les pièces sont posées une à une, mois après mois, avec patience, enthousiasme, angoisse parfois, impatience souvent mais surtout une grande passion. C’est une aventure partagée très valorisante, absolument unique.

Est-ce difficile de réunir le budget nécessaire à son organisation ?
Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent – tout au moins si l’on en juge par ce que l’on entend de-ci de-là nous restons une organisation avec un budget extrêmement serré compte tenu de la taille de l’événement. Cela tient au fait de notre bénévolat à tous : personne dans l’équipe ne gagne le moindre centime avec Raid in France. Ni moi, ni personne d’autre. Seuls les techniciens (guides et BE) et l’équipe de production sont rémunérés pour leur prestation… et à des tarifs très préférentiels. Même le staff médical – il y a 6 médecins sur le raid – vient bénévolement. Je rappelle qu’il s’agit des médecins du Dakar ou du Tour de France ; le cadeau qu’ils nous font est inestimable.
Par conséquent, le budget est assuré par les inscriptions des équipes et nos partenariats, aussi bien publics que privés. Je souligne que les inscriptions des équipes, que nous essayons de garder autour de 2 000 euros par team, représentent moins de 40 % du budget. Lorsqu’elles nous demandent des réductions, je ne suis pas certain qu’elles se rendent compte de ce que cela implique… Pire lorsqu’elles s’inscrivent, « oublient » d’envoyer leur chèque puis nous disent 3 jours avant le départ que finalement, elles ne viennent pas ! Entre temps, nous avons fait fabriquer les dossards, les cartes, commandé les kayaks ou le matériel de course, réservé les repas de la cérémonie de clôture… Tout cela est regrettable car cela nous oblige à être beaucoup plus stricte et à mettre de la procédure là où l’on pourrait s’en passer.
Les partenaires qui nous suivent depuis toutes ces années sont donc les principaux financeurs de Raid in France. Je remercie le groupe Intersport, Ertips, le groupe Maurin et Lethiguel pour leur fidélité. Depuis maintenant plusieurs années, nous sommes en mesure d’offrir à chaque participant un vrai cadeau souvenir et depuis le début une belle cérémonie de clôture. Je remercie aussi nos fournisseurs : ATC, Jeep, l’IGN, Futur Telecom… et je tire un grand coup de chapeau aux communes, départements, régions qui nous accueillent. Chaque nouvelle édition de Raid in France est l’occasion de rencontres fantastiques, avec des gens qui savent faire confiance, donner de leur temps et de leur énergie.

Le classement définitif de cette édition 2015 est publié. Tous les passages de balises ont été vérifiés, ainsi que les tracés des équipes, des commentaires particuliers ?
Le podium ne change pas. Les 3 équipes de tête ont bien validé toutes les balises et je ne revendrai pas sur la décision du jury concernant la réclamation de l’équipe espagnole Vidaraid, qui reste deuxième de ce Raid in France.
Reste que nous allons réfléchir pour les prochaines éditions à des systèmes de balises inviolables ou à toutes autres solutions permettant d’éviter que ces balises ne disparaissent ou ne soient enlevées par des personnes mal intentionnées. Nous allons aussi discuter avec le prestataire assurant le suivi des équipes en temps réels grâce aux trackers satellites dont elles sont équipées, pour obtenir un relevé de position toutes les 10 minutes au lieu des 15 minutes actuelles. Mais nous savons que c’est une question de coût et qu’il nous faudra faire des arbitrages budgétaires… et il ne faut pas oublier que les balises sont d’abord là pour la sécurité des coureurs puis le respect du tracé de la course et enfin le live tracking.

Quelques équipes ont trouvé cette édition, pourtant plus courte que les précédentes, très éprouvante. Est-ce l’escalade à la difficulté ?
Certainement pas. Je ne joue pas cette surenchère-là… et les premiers gagnent en 82h ce qui n’est pas si court ! La philosophie de Raid in France est d’amener les coureurs à s’immerger dans la nature telle qu’elle se présente, à faire corps avec elle dans les circonstances de l’instant. Que le soleil brille, qu’il pleuve, qu’il fasse jour ou nuit noire. Certaines équipes ont trouvé la première section de trek trop difficile en navigation : j’entends leurs arguments, je note les points d’amélioration possibles mais je ne veux pas faire de Raid in France une course stéréotypée. Nous ne sommes pas une course d’orientation avec des cartes IOF, l’adaptation aux cartes existantes fait partie du jeu, certains y arrivent mieux que d’autres ou, du moins, plus rapidement. Il faut savoir que chaque poste est reconnu avec la même carte que celle utilisée par les coureurs et même souvent celle-ci est complétée par des éléments manquants et nécessaires. Je passe beaucoup de temps pour obtenir des cartes de la qualité proposé. Toutes les balises sont placées lors de la course avec un point GPS de référence. C’est le terrain qui gouverne : avec des passages plus simples que d’autres, plus ludiques ou a contrario plus ardus. Pour moi, le juge de paix, c’est la ligne d’arrivée, lorsque l’intégralité du parcours a été réalisée par les équipes. Et qu’elles ont vécu une vraie aventure ensemble ! Je dirais même une « expédition » avec toutes les exigences d’adaptabilité que cela implique. ! Mais je dois reconnaitre que cette année, la première section de trek était trop compliquée, surtout pour les équipes moins aguerries et compte tenu des conditions extérieures (pluie, nuit et début de course).
Ce que j’aime, c’est que les coureurs se fassent plaisir en pratiquant la bonne activité au bon endroit… Mais le challenge n’est pas simple. Cette année, dans des conditions météorologiques très compliquées, 4 équipes (une a choisi un shunt volontairement) réalisent l’intégralité du parcours et plus d’une vingtaine sont classées. C’est la preuve que notre système de « shunt » fonctionne bien et que l’aventure Raid in France s’adresse à des publics variés : les équipes de cracks comme celles moins « professionnelles ».

Quid de 2016 ?
L’édition 2016 revient à une itinérance de la montagne à la mer. Nous partirons des Pyrénées Orientales pour rejoindre la Méditerranée. Il faudra compter 4 jours de course non stop pour les premiers et la course restera ouverte 5 à 6 jours pour les moins rapides. Les dates de course ne sont pas encore fixées ; nous discutons avec nos partenaires pour arbitrer au plus vite entre fin août et mi-septembre. Mais elles seront très prochainement diffusées, avec une tendance qui se dessine pour conserver la même période, c’est-à-dire mi-septembre.

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